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Lisibilité

 

La lisibilité est la capacité des espaces à exprimer clairement leur disposition, à être facilement perceptible par l’usager. L’être humain, ayant tendance à s’imager des cartes mentales pour se retrouver, a besoin d’éléments clés physiques dans la ville pour se situer. On y retrouve notamment des nœuds, des limites, des zones, des chemins ainsi que des monuments ou points de repère. (Lynch : 1960) 

 

Utiliser les éléments-clés

 

Dans tout projet d’aménagement, il devient impératif de conserver ces éléments en tête et de concevoir suite à une analyse assidue de ces derniers, étant donné leur grande portée dans les tissus urbains existants. Le concepteur qui est conscient de leur rôle dans la lisibilité déjà présente sera d’autant plus avantagé à saisir les types de formes à utiliser dans les nouveaux dessins. Penser en fonction de ces éléments existants mène à comprendre le potentiel à aménager des endroits clés qui aideront à la représentation mentale de l’homme. Ce genre d’analyse s’avère très utile si le concepteur a pensé engager le grand public dans ses démarches.

 

 

Dans le cas de Liverpool Waters, les éléments clés existants et touchés par le projet d’aménagement furent recensés sur la carte présentée ci-dessus. En général, les concepteurs semblent avoir respecté leurs rôles déjà forts dans la lisibilité présente. Le Central Business District s’adjoint à la zone plus bureautique qui contiendra la Shanghai Tower. Dans la perspective, on peut apercevoir le Three Graces au loin, ce qui démontre une sensibilité à les conserver dans le champ de vision de l’usager.

 

Routes et séparations des chemins-piétons

 

Les routes comptent parmi les éléments les plus significatifs pour l’homme dans le tissu urbain. La Regent Road, route importante située en ceinture de plan-masse, se trouve un peu retirée des nouveaux aménagements. Le piéton peut y circuler, mais les nouveaux espaces publics ont davantage été travaillés dans le centre du site. Le projet aurait eu avantage à y intégrer un espace public continu, qui aurait pu offrir un axe direct sur l’ensemble du site de Liverpool Waters. Ceci aurait contribué à renforcer sa portée déjà présente. 

 

 

On remarque également dans le plan des circulations automobiles et piétonnes, la distincte séparation de ces dernières. Toutefois, sur les perspectives, le piéton ne semble pas en être pénalisé sur la lisibilité de l’ensemble, les espaces de circulation étant vastes, agréables et dégagés.

 

La circulation automobile, perpendiculaire aux piétons, doit entamer de longues distances avant de rejoindre la route principale qu’est Regen Road. La zone Northern Docks est même complètement coupée du reste de l’ensemble. Ces gestes pourront même encourager la marche et dissuader l’usager de prendre sa voiture.

 

Somme toute, chaque zone prend soin d’intégrer au minimum un élément clé, lui confinant ainsi un aspect dissociable des autres. 

 

IMPACTS de la participation citoyenne sur la lisibilité

 

Depuis le début de leur processus participatif en mars 2007, Peel utilise la consultation publique afin d’apprendre et, ultimement, de répondre aux besoins des habitants et des acteurs majeurs du secteur de la Mersey river.

 

À l’aide de leur Statement of Community Involvement (Déclaration d’implication communautaire), soumis au Liverpool City Council en novembre 2011, il est possible de retracer plusieurs évolutions du projet quant à sa lisibilité pour l’ensemble de la population (ISSUU, en ligne, 2013). Le but de cet exercice est de donner plus de contrôle aux citoyens lorsqu’il est question de planifier le développement de leur ville.

 

Ainsi, en 2007 et 2008, Peel a commandé une série de « baseline studies » afin de comprendre et partager les réalités physiques, mais aussi psychologiques, du site. Ces nouvelles connaissances se lisent d’ailleurs dans leur version « raffinée » de la vision du projet et proposent plusieurs pistes prometteuses pour la lisibilité :

 

« The aspirational scheme will create a unique sense of place, taking advantage of the site’s cultural heritage and […] allowing ease of movement and strong connections […]. Liverpool Waters will draw on the unique identity of the site and the city to define caracter areas […] and [provide] public spaces that encourage formal and informal use » (ISSUU, en ligne, 2013, p.22).

 

Cette vision fut présentée lors d’une exposition communautaire en janvier 2010 et les citoyens partagèrent leurs opinions sur plusieurs sujets. Depuis cette rencontre, Peel a recueilli de nombreux commentaires de la population et a effectué quelques changements importants pour leur soumission finale en novembre 2011.

 

Routes et espaces publics

 

« […] improve public access – all too often these become private enclaves accessible only to residents and businesses » (ISSUU, en ligne, 2013, p.138).

Le « Central Park » au cœur du quartier de Central Docks, fut tourné de 90° afin d’être sur un axe nord-sud, l’orientation principale du projet. Ce nouvel alignement permit un meilleur éclairage naturel et une connexion plus directe entre les bâtiments au pourtour et « Prospect Park », le parc voisin traversant l’îlot sur un axe est-ouest (ISSUU, en ligne, 2013 p.37). Bentley nous rappelle d’ailleurs de l’importance de ce genre d’élément public pour notre situation dans le tissu urbain (Bentley et al., 1985, p.42).

Figure 5 : « Central Park ». Source : ISSUU, 2013.

Points de repères - Nouveaux et Existants

 

« Respect existing buildings. Safeguard views » (ISSUU, en ligne, 2013, p.138).

 

Profitant d’un espace public structurant, « Central Park », le nouveau bâtiment culturel proposé en premier lieu fut déplacé au bout de l’axe vert directeur. Il accueille maintenant les visiteurs dès leur entrée dans le secteur et agit comme bâtiment accent, un élément fort facilement reconnaissable (ISSUU, en ligne, 2013, p.39).

 

Mettant en valeur l’existant, le Dock Masters Office fut réduit en hauteur afin de renforcer la présence du Victoria Clock Tower, un point de repère majeur dans le secteur du Clarence Dock. On comprend maintenant, en un coup d’œil, l’échelle d’importance des deux éléments. Cette approche s’inscrit dans la philosophie de Bentley qui écrit : « The first step in design is to develop the project to make more legible the area of which it forms a part, by relating the new design to existing elements on the site and in its surroundings » (Bentley et al., 1985, p.45).

La ville moderne

 

« These tall buildings will take advantage of the enviable location of Liverpool Waters allowing for high density developments alongside thousands more jobs » (ISSUU, en ligne, 2013, p.137).

 

Le Commercial Cluster en bordure de Princes Dock, au départ beaucoup plus éparpillé sur le site, fut renforcé avec l’ajout de bâtiments en hauteur, notamment la Shanghai Tower, la plus haute tour du développement. Ce geste respecte à la fois les demandes de l’UNESCO, concernant le secteur historique avoisinant et les Three Graces au sud, et la théorie de Bentley sur la ville moderne (ISSUU, en ligne, 2013, p.38). Il affirme qu’il est impossible pour les bâtiments de mentir : leur position et leur gabarit parlent quant à leur importance dans le tissu urbain (Bentley et al., 1985, p.42). C’est aussi pour cette raison, par souci de lisibilité, que le Second Cluster du Clarence Dock fut réduit en nombre et en hauteur. Les concepteurs et les citoyens s’entendirent pour une mise en valeur du City Centre plutôt qu’une concurrence entre deux secteurs voisins (ISSUU, en ligne, 2013, p.41).

Bref, ces derniers cas sont seulement quelques exemples montrant l’influence de la participation citoyenne sur la lisibilité dans le processus de conception du projet. De plus, Peel promet une poursuite de cette collaboration pour les 30 prochaines années, soit pour la durée de réalisation de Liverpool Waters (ISSUU, en ligne, 2013 p.11).

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